vendredi 24 février 2017

LES ULIS: LES ANCIENNES FERMES DU PLATEAU DE COURTABOEUF.

Le plateau de COURTABOEUF au XVIIe siècle.

Cette configuration ne changea guère avant la construction des Ulis (à partir de 1968). C'était la campagne, des champs, comportant divers hameaux ou villages comportant une grande ferme, et reliés par des routes. A l'ouest Courtaboeuf, puis Mondétour et le Grand Vivier, Montjay à l'est, Villeziers et Grivery au sud ouest, la Grange aux moines au sud..
Seule la ferme de Grivery (commune de Gometz le Chatel) fonctionne encore en 2017. Les autres ont été reconverties.

* LA FERME DE COURTABOEUF:

Ce témoin d'un passé agricole révolu est aujourd'hui perdu dans l'univers de bureaux et d'entreprises de la vaste zone dite d'activités de Courtaboeuf, créée en 1960. Son dernier propriétaire, Jean-Marie Dupré, du fait de la création de la ville des Ulis, l'abandonne dans les années 70 pour se replier sur le plateau de Saclay où il exploite alors avec sa famille la ferme de Viltain.

Le site correspondait au XIIe siècle à une seigneurie. Les premiers bâtiments datent du règne de Henri IV. En 1712, le fief de Courtaboeuf appartient à Charles Boucher, seigneur d'Orsay, prévôt des marchands de Paris, puis en 1767 à Pierre Grimod Dufort, comte d'Orsay. La ferme sera vendue comme bien national à la Révolution. La ferme pratiquait l'agriculture et l'élevage.

      Vue générale. Elle est aujourd'hui cernée de voitures...Un espace dégagé a été cependant préservé devant la ferme. Une association de tir à l'arc en a fait son champ d'exercice.

     La cour intérieure, elle aussi encombrée de voitures. Certains bâtiments datent du règne d'Henri IV. La toiture a été pour la dernière fois rénovée en 1960 suite à un incendie.

Installée à l'origine autour d'une cour où le Rouillon, affluent de l'Yvette, prend sa source, la ferme était entourée de douves. Une sorte de petit square a été aménagé (à droite) aux abords de la ferme, effort visible tout de même de mise en valeur du site.

Autre vue.
La ferme est aujourd'hui occupée par des restaurants, la médecine du travail, une banque, une salle des fêtes, des ateliers, les bureaux de la SAMBOE (Société d'économie mixte d'aménagement de Bures, Orsay et Étampes)...

* LA FERME DU GRAND VIVIER :
Elle aussi a été englobée dans la zone d'activités de Courtaboeuf. On la découvre actuellement au n° 13 de l'avenue des Andes. D'immenses bâtiments plutôt bien conservés enserrent une cour intérieure, selon le schéma des fermes du Hurepoix.
Le "Grand Vivier" était au Moyen-Age un fief des Célestins de Marcoussis. Le nom de "vivier" évoquerait un étang à carpes, qui paraît-il, existe toujours. La ferme actuelle daterait du XVIII e siècle. Elle exploitait une surface de 160 hectares. Elle occupait 30 à 40 personnes, auxquelles s'ajoutaient les saisonniers. Elle était vouée notamment à la culture du blé, de la pomme de terre, et de la betterave, ainsi qu'à l 'élevage des vaches, chevaux et moutons. Son activité approvisionnait Paris. Les parisiens venaient d'ailleurs, paraît-il, cueillir eux-mêmes légumes et pommes de terre. . L'alcool de  betterave  y a été distillé jusqu'en 1954 dans la ferme même. Plus tard, la ferme se reconvertira dans l'horticulture. Dans les années 1950 , Edmond Jallerat propriétaire de la ferme , y installe des serres où il cultive des fleurs. Les serres seront transplantées en 1977 près du parc urbain des Ulis et elles alimentent la décoration florale de la ville.
Depuis 1970, la caserne des pompiers s'est installée dans les locaux.

Voici ce qu'on aperçoit d'abord au 13 de l'avenue des Andes. On distingue au fond un imposant bâtiment de ferme.

Un peu plus loin, nous  découvrons l'autre côté de ce qui est l'aile gauche de la ferme. La présence de deux immenses halles, sans doute destinées autrefois à entreposer charrettes , puis machines agricoles, frappe. A droite, on distingue l'amorce du bâtiment du fond qui va se prolonger à droite par une seconde aile qui enserre la cour.
Autre vue de l'aile gauche.
La cour intérieure est visiblement devenue un parking...

En contournant la ferme , on s'aperçoit que l'aile droite et le bâtiment du fond ont été rénovés et ont perdu leur cachet ancien. Ils ont été visiblement transformés en appartements.

En faisant le tour complet de la ferme, on découvre l'arrière de l'aile gauche, qui a conservé elle toute son authenticité.

A proximité, on voit encore la mare qui servait sans doute d'abreuvoir aux animaux.A moins qu'il ne s'agisse de ce qui reste de l'ancien étang aux carpes?

Que sont devenues les deux autres fermes du plateau?

*LA FERME DE MONDETOUR:
Elle existe toujours au croisement de l'avenue de Montjay et du boulevard de Mondétour  et a été reconvertie : elle accueille aujourd'hui  une menuiserie: les Compagnons du Rabot. Il existait une ferme de Mondétour dès le 12e siècle. Elle a cessé son activité en 1924, lors des premiers lotissements sur Mondétour.

Façade donnant sur l'avenue de Montjay à Orsay-Mondétour.

Vue de la cour intérieure. Le corps de ferme a visiblement été rénové.
Josiane Mauchauffée, qui a passé son enfance à Mondétour, se souvient: 
" Quand j'étais enfant ( 1950-55) les terres occupées maintenant par l'école étaient encore cultivées et entourées par des murets. Les ouvriers agricoles habitaient la ferme elle-même. Plus tard, c'est M. Bonvicini qui y a installé son ébénisterie Les Compagnons du Rabot ( 1957-58 )." Josiane Mauchauffée.

* LA FERME DE MONTJAY :
Située à l'ouest du plateau, existe toujours; elle a été coupée en deux : le corps de ferme, qui est une maison individuelle et les communs, qui appartiennent à la Paroisse des Ulis-Mondétour-Montjay et qui accueillent les locaux des Scouts et Guides de France des Ulis , ainsi que la chapelle Notre Dame de Montjay. L'ensemble est situé au 4, rue du château à Bures sur Yvette.
Grand merci à Nicolas Koster, d'Orsay, qui nous a donné ces informations.

La chapelle ND de Montjay a été construite dans l'enceinte de l'ancienne ferme à la suite d'une donation datant de 1954.

* LA FERME DE VILLEZIERS:
La ferme de Villeziers à l’origine était une des fermes du château de Saint-Jean de Beauregard ; . C'est cette ferme qui autrefois cultivait la partie du plateau de Courtaboeuf où est installée aujourd'hui la ville des Ulis. Rachetée en 1970 par un agriculteur, elle était vouée à la culture des céréales et des betteraves. Depuis l’an 2000 , elle n’est plus en plus en activité. La municipalité de Saint-Jean de Beauregard décide en 2009 de l’acheter à M. Bouvrain, son propriétaire. Elle a été reconvertie: le corps de logis est devenu le restaurant Delrieu. Des artisans  et l'association EMMAUS se sont installés dans d'autres parties de la ferme.

Le logis de la ferme de Villeziers est devenu aujourd'hui le restaurant Delrieu, dont le chef est étoilé.

LA FERME DE GRIVERY:

Cette ferme, qui appartient toujours au château de Saint-Jean de Beauregard, est située sur la commune de Gometz le Chatel. C'est  la seule ferme du plateau qui reste en activité. C'est elle qui cultive toute la plaine restée libre sur ce territoire.

La ferme de Grivery et son étang.

LA FERME DE LA GRANGE AUX MOINES.

Elle existait déjà au XIIIe siècle et appartenait aux moines de l'abbaye des Vaux de Cernay.Elle s'appelait primitivement ferme de la Boissière. Depuis 1824, elle fait partie du domaine du château de Saint-Jean de Beauregard. Elle est située sur la commune du même nom. C'est aujourd'hui un centre équestre et un poney club.

Les activités agricoles sur le plateau:

Josiane Mauchauffée se souvient:

"Les champs qui s'étendaient entre Mondétour et Montjay ( actuellement Les Ulis Barceleau et Bathes) étaient couverts de champs de fraises appartenant à un cultivateur de Villeziers, M. Poirier ( ça ne s'invente pas !). Il faisait de la vente ambulante de légumes dans les rues de Mondétour, avec une camionnette. Dans les années 1950, son véhicule était une carriole hippomobile bâchée. Pour les fraises, après la cueillette le matin dans les champs, les cageots étaient stockés au frais dans des cabanes de paille jusqu'au ramassage en fin d'après-midi par la camionnette. L'hiver, les cabanes de paille servaient de refuge aux chasseurs. Au printemps, certains couples d'amoureux s'y ébattaient (ah bon?). "
    
Une de ces cabanes de paille dont parle Josiane (au fond à droite).

La cabane qu'on voit  derrière ce sympathique bonhomme de neige"se trouve à peu près à l'emplacement des immeubles de l'allée Limousine, au Barceleau." explique notre témoin." Le champs avec les pommiers recevait en alternance des fraisiers pendant trois ou quatre ans, puis du blé pendant un an pour reposer la terre. Les pommes étaient affreusement acides, petites et piquées des vers ! ( il y avait de gros trous dans notre grillage, je m'y faufilais en été et j'allais chaparder une ou deux pommes...). A l'époque de la cueillette des fraises, les ouvriers/ères arrivaient très tôt, à la fraîche, vers 7h le matin. Ils étaient cinq ou six, et mettaient la matinée pour " faire" tout le champ ( qui descendait jusqu'à la rue du Bois du Roi). Les fraises étaient rangées dans des paniers d'osier, sur un lit de feuilles et recouvertes de feuilles pour les garder au frais. Les paniers, entreposés dans la cabane, étaient "ramassés" par une camionnette en fin de matinée ou tout début d'après-midi et emportés, où ??? à la gare pour partir sur Paris ? M. Poirier vendait une partie de sa récolte en porte à porte l'après-midi dans Mondétour. Souvenirs, souvenirs, j'avais entre 6 et 8 ans..."




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